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Page:Lenotre - La Mirlitantouille, épisode de la Chouannerie bretonne, 1925.djvu/201

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LA MIRLITANTOUILLE

qu’un arrêté du département, affiché à la porte de l’église de Saint-Gilles-du-Mené, met à prix les têtes de Duviquet, de Mairesse et d’autres : — 200 livres sont promises à qui fera prendre le premier : Mairesse n’est estimé que 50 francs[1]. Le placard est, du reste, arraché dans la journée par Carfort et Duviquet lui-même. Autre alerte : quatre Bleus de la garnison de Moncontour entrent un matin dans la cour de Bosseny ; leur arrivée met tout le monde en fuite ; mais bientôt ils s’en vont, laissant un ordre émané du commandant en chef des troupes de la région : il convoque Le Gris-Duval à son quartier général, avec menace, en cas de retard, d’être appréhendé et interné au château de Saumur. Même, comme au temps de Robespierre, des espions du gouvernement parcourent la province : l’aventure d’un de ces observateurs de l’esprit public fournirait un chapitre amusant : c’est un certain Legrand, venant de Paris, qui apparaît dans les Côtes-du-Nord à l’automne de 1797 ; il ne connaît rien ni personne, passe ses journées au cabaret, fréquente le rebut de la populace, dénonce à tort et à travers, réclame à chaque courrier de l’argent, vit plantureusement à la bonne auberge, critique les mouvements des troupes, note sévèrement généraux et magistrats, si bien qu’on le soupçonne d’être un ennemi du gouvernement et qu’on l’arrête… comme agent de Puisaye ! L’Administration municipale de Dinan, coupable de cette bévue, s’excuse auprès du ministre de la Police en le priant de choisir des collaborateurs moins dangereux pour le repos des bons citoyens[2].

  1. Même source.
  2. Archives nationales, F7 36691.