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Page:Lenotre - La Mirlitantouille, épisode de la Chouannerie bretonne, 1925.djvu/213

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LA MIRLITANTOUILLE

Georges[1] ; une blessure reçue à Quiberon lui vaut son sobriquet. Mais les administrateurs du Morbihan ne jugent pas prudent de garder un tel homme dans la prison départementale ; sa popularité est grande et on craint que les bandes de Cadoudal se portent en force sur la ville afin de le délivrer. Guillemot fut donc expédié à Saint-Brieuc ; il devait rester, en attendant son jugement, dans cette même geôle où languissaient, depuis six mois bientôt, Le Gris-Duval et ses cinquante complices ; et, tout de suite, un projet extravagant d’audace germe dans l’esprit de Duviquet : traverser avec sa bande en armes toute la Bretagne, pénétrer par surprise dans Saint-Brieuc, s’emparer de la prison, en ouvrir les portes à tous ses amis dont le procès s’instruit et que menace l’échafaud. De leur nombre n’y a-t-il pas une femme qu’il aime et qu’il serait fier de conquérir ? Mercier La Vendée que séduit cette prouesse d’amoureux, et qui veut sauver Guillemot, sera de l’expédition avec ses compagnons les plus braves : Duviquet en gardera la direction : il connaît bien Saint-Brieuc, où il a tenu garnison, et les abords de la ville. Reste à préparer le téméraire coup de main, et, sur-le-champ, il se met au travail.

Sans doute rôde dans ses entours quelque traître, car un avis anonyme, manifestement négligé, et retrouvé plus tard dans les paperasses de l’Administration du département, permet de le suivre presque pas à pas durant ces premiers jours de juin. Dès l’arrestation de Guillemot, il revient avec Carfort

  1. Guillemot était né en 1770 à Plemin, dans les Côtes-du-Nord.