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Page:Lenotre - La Mirlitantouille, épisode de la Chouannerie bretonne, 1925.djvu/228

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DUVIQUET

cause, en camarades. Duviquet voudrait parler en particulier au concierge de la prison et charger cet homme d’une commission. Hébert s’y oppose, alléguant les règlements ; mais il offre ses services. — « Il s’agit, dit le condamné, d’une alliance en or que voici… » Ôtant un anneau qu’il porte à son petit doigt, il poursuit : — « J’exige de vous, citoyen capitaine, que la personne à qui vous remettrez cette alliance ne soit pas inquiétée pour ce fait. Vous la lui donnerez après ma mort. » Hébert engage sa parole d’honneur : la mission sera remplie, et Duviquet lui nomma la personne à laquelle il destine ce bijou : en rendant compte de cet incident au commandant de la subdivision, le capitaine Hébert écrivait : — « Permettez-moi, citoyen général, de tenir ma promesse et de vous taire le nom de cette femme[1]… » On ne saura donc pas quelle était, parmi les jeunes amazones de Bosseny, celle qu’aima Duviquet. En se risquant sur le terrain peu sûr des hypothèses, on déduirait assez logiquement qu’une alliance éveille implicitement l’idée de fiançailles ; il s’agissait donc vraisemblablement d’une jeune fille ; la destinataire de la bague devait se trouver à Saint-Brieuc, et, bien probablement à la prison même, puisque le condamné songea d’abord à confier son legs au concierge. Or, parmi les femmes détenues pour complicité avec Le Gris-Duval, une seule jeune fille peut avoir inspiré à Duviquet un sentiment avouable et sérieux : c’est celle que désigne la tradition, mademoiselle Pélagie Du Lorin, belle-sœur de Joséphine de Kercadio.

  1. Rapport du capitaine Hébert au général Romand. Archives de la Guerre. Cité par Chassin, Pacifications, III, p. 16 et suiv.