penser, ou bien que l’ex-accusateur public, connaissant trop de secrets et affilié par ses opinions à nombre de gens redoutés, trouva en ses collègues des juges indulgents, ou bien que le malheureux, victime d’une de ces intrigues de tragi-comédie auxquelles excellait Le Gris-Duval, était aveuglément tombé dans quelque chausse-trappe ouverte par l’habile châtelain de Bosseny. Besné déclara pompeusement, qu’il découvrirait l’auteur de cette infamie et confondrait ses dénonciateurs[1] ; mais il était à jamais discrédité[2]. Réduit au titre de simple « homme de loi » il essaya de gagner le pain de sa nombreuse famille en s’occupant de ventes et d’achats de biens nationaux, comme procurateur de nobles dépossédés[3] ; il devait mourir à la peine quelques mois plus tard[4].
Ainsi tombaient l’un après l’autre tous ceux que Le Gris-Duval avait marqués du signe fatal. Lui, il courait la campagne et, bien que l’Administration départementale eût lancé contre lui ses meilleurs
- ↑ Archives nationales, AF111* 101.
- ↑ Les historiens les mieux informés de la tradition locale sont sévères pour Besné, mais restent cependant dans le doute. M. L. Dubreuil écrit : — « Besné,… ouvre de sa propre autorité la porte des prisons aux deux chefs Chouans Le Gris-Duval et Kerigant, « par bêtise », dira Pouhaër, qui, visiblement, le ménage, mais plutôt « par intérêt ». La Vente des biens nationaux, p. 303. P. Hémon dit : — « Besné ne se tira pas sans peine de ce mauvais pas. On s’aperçut que l’accusation qui pesait sur lui n’était encore sanctionnée par aucune loi ; ensuite on eut égard à ses antécédents patriotes et à la situation de sa nombreuse famille. Il fut acquitté, faute de preuves. » La Légende de Leroux-Chef-du-Bois, p. 34.
- ↑ L. Dubreuil, ouvrage cité, 276, note.
- ↑ Le 7 mai 1801. P. Hémon, loc. cit.
senté le 30 pluviôse au jury d’accusation. Sa déclaration a été, Non, il n’y a pas lieu. Le Directeur du jury, en conséquence, a ordonné la mise en liberté de Besné. » Archives nationales, F7 6147.