Page:Lenotre - La Mirlitantouille, épisode de la Chouannerie bretonne, 1925.djvu/258

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
241
LA NUIT DU 4 BRUMAIRE

tances décelant une organisation ténébreuse et puissante. Un arrêté du Directoire[1] ordonna de diriger sur les prisons de la Capitale tous les prévenus et complices de ces méfaits, aux fins d’une nouvelle instruction qui serait suivie loin des influences locales. Le nouvel accusateur public des Côtes-du-Nord, Ropartz, en s’excusant grandement sur les difficultés de sa tâche, expédia le peu qu’il tenait, c’est-à-dire madame Le Gris-Duval et ses deux servantes, Jeanne et Marie Chantard. Pour corser l’envoi il y joignit l’espion Giraudeau, inutile à la prison de Saint-Brieuc, mais qui, au contact des mouchards parisiens, se formerait peut-être et deviendrait un « mouton » présentable.

De brigade en brigade, la dame de Bosseny est donc transférée à Paris ; elle quitte Saint-Brieuc le 24 décembre ; le 27 elle est à Rennes, à la geôle de la Tour Le Bat ; elle en repart avec ses compagnons, le jour de l’an 1799 ; au terme du rude voyage, elle est écrouée à la prison de la Petite Force, dont la monumentale et sinistre porte s’ouvrait rue Pavée au Marais. Madame Le Gris-Duval allait être là cuisinée de main de maître, les policiers du ministère mettant leur coquetterie à montrer leur supériorité sur les timides magistrats départementaux, et se faisant fort de débrouiller en un tournemain les mystères de cette longue conspiration qui met depuis des mois en défaut la police briochine. Et, tout d’abord, on place auprès de la prisonnière une compagne de cachot, prétendue fervente royaliste que les iniquités révolutionnaires ont privée de

  1. 8 frimaire, VII. Archives nationales, AF111 559, dossier 3774.