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Page:Lenotre - La Mirlitantouille, épisode de la Chouannerie bretonne, 1925.djvu/301

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LA MIRLITANTOUILLE

Mercier La Vendée mit à profit cette pause pour régler le sort des prisonniers : plusieurs s’étaient évadés, la veille, en cours de route et pendant la nuit ; à Plaintel, l’espion Giraudeau et l’un de ses camarades, un sous-officier nommé Petit, repris comme ils tentaient de fausser compagnie aux Chouans, avaient été confiés à la surveillance d’une garde de vingt hommes ; amenés par cette escorte à l’Hermitage, ils attendaient leur verdict. Contre Giraudeau, les charges étaient accablantes et les témoignages ne manquaient pas : tous ses compagnons de captivité connaissaient le rôle odieux qu’il avait joué dans la prison ; Petit, en s’échappant du campement de Plaintel avait l’intention de courir à Saint-Brieuc et de guider les troupes républicaines à la poursuite des royalistes. Tous deux furent condamnés à mort. Les arrêts de ce genre étaient sans appel ; on s’abstenait même de les signifier aux intéressés ; leur exécution, comme on l’a vu déjà, n’occasionnait aucun cérémonial. Un Chouan prit Petit par le bras, l’emmena sous les arbres à l’écart, et lui fit sauter la tête d’un coup de fusil. Puis il rechargea son arme et revint chercher Giraudeau qui, mis en méfiance par la disparition de son camarade et la détonation qui l’avait suivie, s’efforça de temporiser ; il lui avait semblé entendre, au loin, dans la forêt, des coups de feu ; il espérait l’arrivée prochaine des Bleus et il employa tous les moyens pour retarder l’instant de son supplice. En vain : il faut marcher. Son guide le conduit auprès du cadavre de Petit, lui conseille de se déshabiller pour que ses vêtements ne soient pas gâtés ; le malheureux obéit ; c’est encore quelques minutes gagnées.