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Page:Lenotre - La Mirlitantouille, épisode de la Chouannerie bretonne, 1925.djvu/312

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LA NUIT DU 4 BRUMAIRE

— à peu près, — l’endroit où le jeune chef tomba, et l’on retrouve encore, un peu plus loin, sous les arbres, la chapelle restaurée de Saint-Malo, où devait être clandestinement célébré, dans la nuit du 16 juin 1795, son mariage avec Joséphine de Kercadio.

La Mirlitantouille paya son mauvais renom ; elle fut condamnée à mort. Quoique posée à la rencontre de plusieurs chemins de la correspondance secrète, cette maison, grâce à sa mine inoffensive, n’avait, pendant longtemps, inspiré aucun soupçon. Que craindre d’une misérable masure, placée en bordure du grand chemin le plus fréquenté du pays ! La porte n’en restait-elle pas, jour et nuit, ouverte à tout venant ? Quel mystère s’abriterait dans un si banal et rustique bouchon ? Pourtant il se rencontra quelque fonctionnaire perspicace pour s’inquiéter, à la longue, de l’étrange série d’événements dont les parages de cette sournoise gargote avaient été le théâtre. Combien de fois, dans les landes qu’elle commande, le courrier de Loudéac à Saint-Brieuc avait-il été attaqué ? On y avait vu des troupes de trois cents Chouans, sortant de terre au moment propice et disparaissant comme par un enchantement[1]. Le village de Plémy, dont ce tapis franc dépendait, était depuis toujours un centre d’agitation, une sorte de camp retranché des rebelles. Ses landes fatales avaient successivement facilité le rassemblement et la dispersion des bandes de Le Gris-Duval, de Duviquet, de Carfort et de Dujardin ; là avait été tendu le piège où succombèrent tant de braves sol-

  1. Archives de la Préfecture de Police, A A/205.