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LA NUIT DU 4 BRUMAIRE

quinze mille francs sont promis à qui fera prendre ce forban[1]. Sa bande, d’une quarantaine d’hommes, est recrutée « parmi les mendiants et les affamés du pays[2], costumés en gendarmes ou affublés des vieilles vestes anglaises de l’Armée rouge[3] ». Dujardin ne se cache guère ; on l’a vu, en mars 1803, sous l’uniforme de la gendarmerie nationale, sortir de la forêt de La Nouée et se diriger vers les Côtes-du-Nord ; il est, du reste, bien reconnaissable ; son visage et ses mains sont couturés de cicatrices[4]. À la fin de cette même année, il suivit Georges en Angleterre et eut la chance d’y rester. Dujardin reçut, en 1815, en récompense de ses bons services, la croix de Saint-Louis[5].

Dutertre, le condamné à mort par contumace en même temps que Le Gris-Duval, se rallia vite à l’Empire et mourut maire de Plaintel, en 1808[6]. Quant à Dufour, le commandant du Clos-Poulet qui, ayant « passé » Puisaye aux Îles anglaises, devint l’un des aides de camp de Cormartin, lui aussi, la tourmente

    font bombance chez lui, emportent dix couverts d’argent, une cuiller à potage, trois fusils doubles et emmènent un cheval. » Archives nationales, BB18 154. — « 1er mai 1801. Le citoyen Duval, ancien receveur du district de Broons, est massacré par la bande Dujardin. » — « 6 juin. Assassinat de Legouaille, juge de paix à La Chèze. » Même dossier. — « 2 avril 1802. Le brigand Brunet, de la bande Dujardin, évadé des prisons de Moncontour, est repris et fusillé à Saint-Brieuc. » Archives nationales, F7 7939.

  1. Archives nationales, F7 6332, cité par Le Falher, le Royaume de Bignan, p. 696.
  2. É. Sageret, ouvrage cité, IIA, p. 86-87.
  3. Idem, IIB, 214.
  4. Idem, III, p. 58.
  5. Chassin, à la Table générale. Dujardin sollicita, en effet, lors de la Restauration, un emploi civil et la croix de Saint-Louis. Il semble, en effet, que la croix lui fut accordée. V. La Vendée militaire, par Crétineau-Joly, édition Drochon, V, p. 187 et 380.
  6. P. Hémon, Le comte du Trévou, p. 76, n.