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LA MIRLITANTOUILLE

laissèrent sans réponse et la pacification aurait été une fois de plus compromise si Hoche, qui en sentait l’impérative urgence et voulait compter Boishardy au nombre de ses conquêtes, n’eût ordonné à son subordonné le général Humbert, commandant à Moncontour, d’entrer en relations avec le chef des rebelles.

Vingt-huit ans, brave, généreux, plein de fougue[1], Humbert était « le plus bel homme de l’armée ». Fils de pauvres gens, réduit, par défaut d’instruction, aux plus humbles métiers, — marchand de peaux de lapins, ouvrier en chapeaux, maquignon[2], — enrôlé en 1792 au 13e bataillon des volontaires des Vosges, son département d’origine[3], il savait à peine écrire quand, un an plus tard, il fut nommé colonel. En avril 1794 il était général. La lettre que, conformément aux ordres de Hoche, il adressa, tracée de sa main malhabile, à Boishardy, vaut d’être reproduite dans son incorrection originale :

Tu adeja reut une lettre du representant du peuple Bonem qui tengagent a rentry dans le sin de ta patry et la serrevire dans toutes autres sens que tu ne le fait aujourhuit tu doit connettre les intentions de la convention et celles des representant près cette armée à légar de ceu qui ont porreté les arme contre la République tu sais par conséquent quiles pardoné à tout ceux qui reviendron de bonne foi et qui promettront daitre fidelle et bien moi qui comande la deuxième division de cette arme je me (illisible) je donne ma parole honneur que

  1. Moreau de Jonés, Aventures de guerre. On sait que c’est Humbert que Ponsard a pris comme modèle pour son Lion amoureux.
  2. Frédéric Masson, Napoléon et sa famille, II, 230.
  3. Il était né à Saint-Nabord, le 26 août 1767.