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Page:Lenotre - La Mirlitantouille, épisode de la Chouannerie bretonne, 1925.djvu/77

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BOISHARDY

cart. Peut-être ne prenait-il pas au sérieux son aventure, à proprement parler invraisemblable. Puisaye, ayant enfin obtenu des frères de Louis XVI la ratification de tous ses actes et la confirmation des grades fantaisistes qu’il s’était attribués[1], avait aussitôt, de Londres, nommé Cormatin maréchal de camp, major général de l’armée catholique et royale et, par surcroît, chevalier de Saint-Louis ; celui-ci, bien convaincu maintenant qu’il ne rêvait pas, dut chercher longtemps par quel coup d’éclat il justifierait un si mirobolant avancement. Et puis il lui fallut le temps de se pourvoir d’une garde-robe appropriée à sa dignité. À présent que la détente s’accentuait, il jugea enfin sonnée l’heure de se produire et, dès le 30 décembre, il accourait au quartier général de Boishardy[2]. Le lendemain il voyait Humbert, l’é-

  1. Extrait des lettres adressées par Monseigneur comte d’Artois, lieutenant général du royaume, en vertu des pouvoirs à lui conférés par Monsieur, régent de France, à M. le comte de Puisaye, général en chef de l’armée catholique et royale de Bretagne : — « Au château de Zipendal, près Arnheim, 6 novembre 1794. Mon cœur sait apprécier les sentiments qui vous animent et je me réserve de vous bien prouver tout ce que vous m’inspirez le jour heureux où je combattrai avec vous et vos intrépides compagnons. Et je vous autorise à vous considérer comme lieutenant général au service du Roi de France et à vous faire obéir en cette qualité par l’armée de Sa Majesté très chrétienne… Je ratifierai votre travail lorsque je serai moi-même à la tête de cette invincible armée… » Imprimé, Archives de la Préfecture de Police.
  2. D’une pièce qui se trouve en copie aux Archives de la Préfecture de Police, il apparaît que Cormatin connaissait, dès le 29 décembre au soir, le résultat de la première entrevue d’Humbert et de Boishardy. Il écrivit dans la nuit même à celui-ci pour lui demander de participer au prochain entretien avec le général républicain. — « Il est à présumer, Monsieur, que le général Humbert cherche à avoir une autre entrevue avec vous… Ayez la bonté de le voir et de lui demander à exécuter le plan que nous avons formé… Réunissons tous nos efforts pour que les Français ramènent entre eux le calme et la paix qu’ils désirent depuis si longtemps. » Chose singulière, dans la crainte, sans doute, que son nom soit