grand jour de la trêve, avec une désinvolture presque insolente. On y vivait comme des vainqueurs en pays conquis et ce fut une heure joyeuse : paysans royalistes et soldats de la République fraternisaient bruyamment. — « Moncontour, Loudéac et Lamballe retentissent des cris de Vivent la Constitution, l’Union et la Paix ! » écrit Hoche[1] ; à Boishardy et à ses lieutenants il adresse ce billet presque tendre : — « Venez, messieurs, venez voir ce que sont les officiers français républicains. Ils vous tendent les bras en hommes qui brûlent de vous embrasser comme des frères et comme des amis[2]. » Seuls les jacobins non repentis, les fonctionnaires, les détenteurs de biens d’émigrés, ceux que l’on nomme « les Terroristes », montrent triste mine : leur bon temps est périmé ; ils jugent prudent de se terrer à leur tour et de se taire : — « Sur trente-cinq municipalités du district de Loudéac, il n’y en a plus qu’un très petit nombre qui correspondent encore avec l’administration[3] » ; c’est aux chefs chouans qu’on s’adresse ; c’est à eux qu’est passée l’influence : — « Sous prétexte de l’amnistie et d’une prétendue suspension d’armes, Boishardy donne des lois dans les districts de Saint-Brieuc, de Lamballe et de Broons[4]. » De fait, on croirait que son manoir
- ↑ Geslin de Bourgogne et A. de Barthélemy, Études, p. 159.
- ↑ Louis Blanc, Révolution. Crimes des Chouans.
- ↑ Archives nationales AF11 270. Loudéac, 20 nivôse, III. Lettre de Le Sénéchal, agent national.
- ↑ Lettre de l’agent national de Guingamp au Comité de Salut public, citée par Geslin de Bourgogne et A. de Barthélemy. Études p. 152. — « Boishardy n’a plus fait attaquer nos convois, en revanche il a envoyé ses sous-chefs dans toutes les communes pour enrôler de force les habitants. Il a réussi au delà de son attente, puisque les sept huitièmes des communes du district de Port-Brieuc ne correspondent plus avec l’Administration. Il y a deux jours que