Page:Lenotre - Prussiens d’hier et de toujours, 1916.djvu/154

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déjà – était grande, car ses boulets de pierre devaient, disait-on, réduire en poudre les murailles les plus solides. Outre le goût héréditaire de la bière et du vin, tous les Hohenzollern, sans exception, professaient en effet celui de l’annexion, et rien n’est plus instructif que de suivre à travers les siècles leur ténébreux ou brutal effort vers de perpétuels agrandissements de territoire. La Prusse comptait au début du XVIIIe siècle, 800.000 habitants : elle se vante de disposer aujourd’hui de 70.000.000 d’hommes. Jugez du progrès !

De tous ces souverains obstinés vers un même but, le moins fameux, peut-être, est celui qui coiffa le premier la couronne royale ; c’était un certain Frédéric, parfaitement dédaigné et presque inconnu. Quand on apprit que cet humble vassal de l’empereur avait mendié ou extorqué la permission de se déclarer roi du duché de Prusse, c’est-à-dire d’un vague pays, situé quelque part, là-bas, sur les rives de la Baltique, ce fut dans toutes les cours un éclat de rire. Lui, laissa les gens s’esclaffer et demeura le seul à se prendre au sérieux. Il lui importait peu que les grandes puissances se refusassent à reconnaître sa royauté d’aventure. On était en 1701 et la marotte de ce maigre sire était d’imiter, ou plutôt d’éclipser Louis XIV qui le traitait en petit garçon. Les pompes de Versailles empêchaient Frédéric de dormir et il avait résolu de faire plus et mieux.

Par malheur, l’argent lui manquait : le roi de Prusse, pour subvenir au faste qu’il ambitionnait,