Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/107

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c’est qu’elle entrait, vers cette époque, en discussion avec l’abbé Grisel, son confesseur, qui, frappé de ses excentricités, lui adressait de sévères remontrances. Elle prit pour directeur de conscience, l’abbé Davisa, vicaire à Saint-Nicolas-du-Chardonnet, auquel elle prétendit prouver que Notre Seigneur n’était pas mort. L’abbé Davisa lui interdit la communion ; mais « Dieu fit connaître à Catherine qu’elle n’avait plus besoin des sacrements et qu’il la conduirait lui-même[1] ».

Alors elle commença à catéchiser ; quelques commères de son quartier se réunissaient autour d’elle, le soir, et l’écoutaient vaticiner. L’archevêque de Paris, Mgr Christophe de Beaumont, très informé de ce qui se passait dans son diocèse, s’inquiéta de ce schisme naissant : il écrivit à Catherine, la priant de lui faire part des lumières que Dieu lui donnait ; la réponse qu’il reçut et les renseignements qu’il se procura d’autre part le rassurèrent complètement, du moins sur les dangers de la propagation : la visionnaire était folle, non sans vertus, d’ailleurs, car « elle se privait, quoique misérable, de son nécessaire en faveur de plus pauvres encore » et menait une existence toute de prières, de travail et de mortification[2]. Mais cet incident acheva d’égarer l’esprit de Catherine. Une lettre de son archevêque ! Dieu se servant d’elle pour éclairer un prince de l’Église ! La voilà courant les prônes, interrompant les sermons, guettant les prédicateurs

  1. Vie privée de Catherine Théot, imprimé de huit pages. À Paris, chez la citoyenne Toubon, libraire au palais Égalité, près le passage vitré.
  2. Déclaration de l’abbé Théot, neveu de Catherine. F7 477527.