Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/109

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la terre. Ainsi, parmi le tumulte de ce formidable Paris, incessamment passionné et haletant, se sont de tout temps épanouies, dans le silence et l’obscurité, des milliers et des milliers de vies secrètes dont rien ne révèle l’anomalie et l’intensité ; il avait fallu une dénonciation anonyme pour que la soupçonneuse police de Chaumette troublât, en janvier 1793, la retraite de la prophétesse et de sa compagne qui, du reste, – on l’a déjà dit, – après un simple interrogatoire, avaient été remises en liberté.

Héron, ayant donc lancé ses agents à la recherche de « la fille Théot », apprit que celle-ci n’habitait plus rue des Rosiers. La veuve Godefroid, qui l’hébergeait, s’était fixée sur la montagne Sainte-Geneviève, rue Contrescarpe, non loin du Panthéon. L’espion Jaton, parti en éclaireur, rapporta que les deux femmes occupaient là un petit logement où Catherine recevait ses adeptes dont le nombre s’accroissait journellement[1]. Plusieurs dénonciations sur ces rassemblements suspects, dont l’une émanant d’un locataire de la maison, étaient déjà parvenues au Comité de la section de l’Observatoire qui n’en avait pas tenu compte[2]. Il s’y passait, au dire des habitants du quartier, des scènes étranges et seuls pénétraient chez la veuve Godefroid les habitués du cénacle formant la Cour de

  1. Archives nationales, F7 477474. Rapport du citoyen Jaton et du citoyen Pidoux, gendarme. Jaton, l’agent de Héron, était un ancien Suisse de Châteauvieux.
  2. F7 477427. Rassemblement dans le faubourg Marcel, rue Contrescarpe, au coin de la rue Neuve-Geneviève, près l’Estrapade.