Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/111

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de ses amis, désireux, lui aussi, de faire profession. Sa journée se passa en préparatifs et, le samedi, il quittait le Comité de sûreté générale à sept heures et demie, et reprenait le chemin de la rue Contrescarpe en compagnie de Sénar. Les estafiers de sa troupe devaient se tenir discrètement à portée de la maison et prévenir le commandant de la force armée de la section qui prêterait main-forte en cas de besoin. Une patrouille fut postée dans une ruelle voisine, une autre au bas de la rue Contrescarpe, devant la maison des ci-devant Frères de la doctrine chrétienne. Il était huit heures du matin quand Héron gravit de nouveau les marches conduisant au paradis de la mère Catherine. Sénar, qui le suivait, assez penaud de sa contenance, allait figurer le prosélyte annoncé. Héron lui recommanda de prendre « l’air dévot » et de se présenter comme « venant de la campagne ».

Ainsi que la veille, sa servante âgée ouvrit la porte ; elle reconnut Héron : « J’amène un frère pour le faire recevoir », dit-il. Cette fois, tous deux entrèrent sans difficultés ; l’introductrice leur apprit que « la Mère n’était pas encore levée[1] » et les

  1. Procès-verbal de Héron. Archives nationales, F7 477527. Il existe deux versions de cette réception : le procès-verbal original signé de Héron, de Sénar et de Martin, l’un de leurs agents, et le récit qu’en a fait Sénar dans ses Mémoires, p. 170 et s. – Ces deux versions diffèrent sur certains points de détail. Dans le procès-verbal manifestement rédigé par Héron, puisqu’il est de l’écriture de Pillé, son secrétaire, Héron ne se met pas une seule fois en scène. Ce qui est plus singulier, c’est que Sénar, écrivant pourtant, en prison, après thermidor, alors que Héron lui-même était détenu, ne prononce pas dans son récit le nom de son farouche compagnon, qu’il désigne sous le terme : « l’indicateur », ou « mon conducteur ». Le procès-verbal présente un caractère d’authenticité indiscutable, mais le récit de Sénar paraît plus « vrai » ; on le sent écrit par un homme que la