Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/123

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appelle la Colombe déclare se nommer Rose Raffet[1] ; elle vient chez la Mère de Dieu le plus souvent qu’elle peut et y amène sa sœur, avec laquelle elle habite rue Saint-Dominique-d’Enfer[2]. L’homme à la redingote blanche est un citoyen Paul Servat, rentier ; il demeure sur le même palier que Catherine et vient chez elle tous les soirs ; il est certain qu’il ne mourra pas. Même acte de foi de la femme Servat, épouse du précédent. Une rentière demeurant à Tournan-en-Brie, vient chez Catherine Théot depuis dix jours ; elle ne cache point qu’elle a fait des prosélytes dans son pays. Ensuite comparaît la fille Breton, servante de la Mère ; c’est elle qui ouvre la porte et fait le ménage ; elle sait, à n’en point douter, que la patronne est la Mère de Dieu. Le vieux citoyen que l’on interroge après elle est fort embarrassé de son maintien ; il habite, lui

  1. Nicolas Raffet « de Saint-Aguibois », – titre octroyé par le roi Stanislas, – après avoir fait fortune à Saint-Domingue, revint, ruiné par la révolte des nègres, à Paris, où il était né en 1757. En 1789 il était commandant d’un bataillon de la garde nationale. Après le 31 mai 1793, on le nomme commandant général de l’armée parisienne : il est, deux mois plus tard, supplanté par Hanriot ; s’engage sous le nom de Nicolas dans un bataillon de chasseurs, ne reparaît à Paris qu’après thermidor et meurt en 1803. Il avait un frère et deux sœurs. L’une nommée Christine ; l’autre nommée Rose ; pendant la Terreur, ces deux filles vivaient ensemble rue Saint-Dominique-d’Enfer, n° 13. Toutes deux venaient assidûment chez Catherine Théot, – « le plus souvent qu’elles peuvent », dit Rose dans son interrogatoire. Toutes deux se donnaient le titre de Colombes de la Mère de Dieu. Christine avait, en 1794, trente-quatre ans. J’ignore l’âge de Rose, qui semble être la plus jeune. Elles furent les tantes du grand peintre et dessinateur Raffet, né de leur frère Claude-Marie, aide en pharmacie, en 1793, puis employé des postes, et qui fut assassiné dans le bois de Boulogne. Voir sur la famille Raffet, La Révolution française, juillet-décembre 1893, p. 527 et suiv., et Archives nationales, F7 4633, 4617 et 477486.
  2. F7 477527. Interrogatoire de Rose Raffet.