Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/147

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de Collot d’Herbois, son douteux collègue au Comité de salut public. Taschereau habite en effet, avec sa femme et sa fille, dans la même maison que Collot, au pâté des Italiens, rue Favart[1]. C’est un ancien armateur dont la fortune considérable a été compromise par la Révolution ; très exalté, doué d’une faconde méridionale, il est venu à Paris en 1791 et s’est fait inscrire aux Jacobins ; sa carrière, dès lors, est surprenante ; envoyé par la République en Espagne dans l’hiver de 1793, il est mal reçu à Madrid, houspillé par la populace, échappe à grand peine en sautant par une des fenêtres de son hôtel et rentre à Paris, cherchant à s’occuper. Enrôlé dans la petite bande de ceux que l’on appelle « les satellites de Robespierre », il passe pour être l’un des plus actifs espions de l’Incorruptible ; c’est par son intermédiaire, dit-on, que celui-ci communique avec Fouquier-Tinville[2]. Mais sa faveur ne va pas sans à-coups ; soit que Robespierre l’ait soupçonné de trahison, soit qu’il croie utile de feindre l’hostilité envers ce séide précieux, Taschereau sera exclu des Jacobins, emprisonné[3], et rentrera en grâce au printemps de 1794. Vadier le redoute et lui a voué une haine dont les raisons restent troubles.

Au vrai, la maison Duplay, si calme naguère, est envahie : Robespierre le jeune, Bonbon, député comme son aîné à la Convention, est venu rejoindre Maximilien chez le menuisier. Leur sœur

  1. Archives nationales, F7 477524.
  2. Biographie universelle, tome 83.
  3. En décembre 1793. Arch. nat., F7 477524.