Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/162

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après avoir conjuré l’Être suprême de veiller sans cesse sur « les hommes de bien qui honorent sa Providence », s’indigne que l’horrible Admiral ait osé prétendre qu’il était originaire du Puy-de-Dôme[1]. Ça n’est pas vrai, ça n’est pas possible : tous les habitants de ce département le désavouent ; « il n’y a que l’Angleterre qui ait pu vomir un pareil monstre ». Tout cela est haché d’applaudissements frénétiques. Enfin Collot lui-même paraît à la tribune, modeste comme un triomphateur, accueilli par de délirantes acclamations : car il n’est pas mort ; il n’est même pas blessé. Effrayé par l’attaque soudaine d’Admiral, il a laissé tomber sa canne et comme il se baissait pour la ramasser, le second coup de feu a passé au-dessus de sa tête. On conclut en décrétant que, puisque, trois ans auparavant, « en un temps de dégradation et de honte », l’Assemblée constituante écoutait la lecture « des insignifiants et dégoûtants bulletins de la santé d’un roi parjure », la Convention s’honorera d’insérer chaque jour à son procès-verbal l’état de la santé du brave serrurier Geffroy, blessé en sauvant la vie d’un représentant de la nation. Et durant plus d’un mois[2], on lira au début de chacune des séances, le bulletin des médecins de Geffroy, dont la blessure, d’ailleurs, d’après l’avis des docteurs qui le soignent, n’a jamais mis la vie en danger. Quand, enfin guéri, il apparaîtra à la barre, soutenu par deux chirurgiens et suivi de toute sa famille ; quand Collot, en bon comédien, quittera sa place pour

  1. Admiral était né, en effet, à Auzolette, commune de Courgoul, Puy-de-Dôme.
  2. Jusqu’au 10 messidor.