Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/177

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Champ de Mars. Maximilien ne prit pas le temps de déjeuner ; il posa sur ses cheveux soigneusement frisés[1] et poudrés, son chapeau empanaché de hautes plumes aux trois couleurs, se munit du bouquet d’épis, de bleuets et de coquelicots artificiels qu’il devait tenir en main durant toute la journée, et partit vers neuf heures, par les rues résonnantes du roulement des tambours et animées de citoyens endimanchés, d’adolescents en armes, de jeunes filles et de femmes uniformément vêtues de blanc, dans l’agitation heureuse du plaisir attendu.

Il alla droit aux Tuileries, non sans s’arrêter, probablement, au pied de la statue de l’Athéisme, à laquelle les ouvriers avaient travaillé une partie de la nuit et apportaient la dernière main[2]. Il lui fallait, en effet, se concerter avec les artificiers sur la façon de mettre le feu à cette effigie, destinée à tomber en cendres sur un geste de lui. C’était la scène la plus difficile de son rôle et celle où il risquait le plus de provoquer les railleries des malintentionnés. Il gravit le grand escalier du portique élevé contre le palais et sur les différents paliers duquel, déjà encombrés de sièges et de pupitres, allaient prendre place les musiciens et les choristes, au nombre de plus de deux cents. Partout des vases de fleurs, des bustes antiques sur des gaines, des guirlandes, des drapeaux flottants. Au sommet de l’amphithéâtre étaient disposées en hémicycle les chaises pour les conventionnels, et, isolé dans l’espace

  1. Baudot, Notes historiques, 292.
  2. Archives nationales, F4 2091. Mémoires des ouvrages de maçonnerie… – « Le jour de la cérémonie, avoir, avec le citoyen Chaudet, dès trois heures et demie du matin, disposé de nouveau l’échafaudage pour l’arrangement de la toile combustible. »