Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/212

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pouvait se douter de l’usage qui serait fait de ses révélations, et dans les jours suivants, les espions du Comité mirent en arrestation une vingtaine d’illuminés, dont quelques personnages de marque. Il n’y avait pas à s’inquiéter de la duchesse de Bourbon, incarcérée depuis plus d’un an au Fort Saint-Jean, à Marseille, mais on coffra un vieux médecin de la maison d’Orléans, Quévremont de Lamotte, qui s’occupait de somnambulisme ; une soi-disant marquise de Chastenay chez qui l’on saisit « une médaille où l’on voyait d’un côté la Vierge et, de l’autre, un saint Michel, archange, terrassant Lucifer » ; Miroudot, évêque de Babylone, qui, pourtant, ayant, depuis longtemps, jeté la crosse et la mitre aux orties, avait, conjointement avec Talleyrand, donné l’investiture à l’évêque intrus Gobel[1] ; un ancien moine franciscain, nommé Voisin ; Gombault, trésorier de la première division de la gendarmerie, parce qu’il était logé dans l’hôtel de la duchesse de Bourbon au faubourg Saint-Honoré[2], et un sourd-muet, Boutelou, pour avoir gravé une petite estampe « dont la vue seule devait assurer la vie sauve à ceux qui la porteraient dans la journée du 10 août[3] ». On arrêta aussi le prophète Élie, celui-là même qui courait les faubourgs porteur « d’un manuscrit contenant le secret de se rendre invisible en massacrant un de ses semblables, et particulièrement les députés à la Convention[4] ».

  1. Sur Miroudot, v. L’Église de Paris pendant la Révolution française, par l’abbé Delarc, I, 413 et s., et Frédéric Masson, Le Cardinal de Bernis, 428 et s.
  2. Archives nationales, F7 4728.
  3. Archives nationales, F7 4614.
  4. Sénar, Mémoires, 180.