Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/214

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se nommaient Molard et Pauthiez, celui-ci, domestique chez un ci-devant noble réfugié à Suresnes, était porteur « d’un chapelet de forme extraordinaire[1] » ; Molard se déclara mercier forain ; tous deux étaient sortis avec un de leurs amis, vieux frotteur, qu’une attaque du haut-mal avait terrassé en route ; ils avaient rencontré Ducy « allant à la découverte » et celui-ci, pour les égayer pendant la marche, leur lisait des passages de la Bible. Tout ceci parut louche et les trois promeneurs furent expédiés au Comité de sûreté générale qui ordonna une perquisition au domicile de Ducy. On y découvrit « une succursale de la rue Contrescarpe » : dans l’une des pièces de l’appartement, dont les vitres étaient « brouillées avec du blanc pour qu’on ne pût rien voir du dehors », étaient rangés un certain nombre de chaises et de tabourets entourant un siège plus élevé où devait prendre place l’officiant : beaucoup d’objets de dévotion et d’images pieuses, entre autres, dans une armoire, un Christ de cuivre enveloppé d’un mouchoir blanc et garni de fleurs. Une « souricière », tendue par les agents, leur permit de capturer nombre d’habitués des conciliabules nocturnes qui se tenaient chez Ducy ; celui-ci fut envoyé à Bicêtre ; les autres, – une quinzaine, dont le frotteur épileptique, un ingénieur à la fabrication des armes, un commissionnaire, un domestique de Vestris, danseur à l’Opéra, et même un menuisier qui travaillait dans la maison, – furent répartis dans les diverses prisons de Paris. Chez tous on confisqua des objets « propices au fanatisme » :

  1. Premier rapport de Courtois, 160.