Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/224

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« les assassins de Robespierre » au nombre desquels figuraient un Montmorency, les deux Sombreuil, un Rohan-Rochefort, un savant, un prêtre, une actrice, un musicien, madame de Sainte-Amaranthe, sa fille, son gendre et son fils, sans compter le comte de Fleury que l’acte d’accusation ne nommait même pas[1]. Tous furent condamnés à mort comme atteints et convaincus d’avoir pris part à la Conspiration de l’étranger : tel était le titre dont on décorait pompeusement cet amalgame ; mais pour que le public ne s’y trompât point et afin de bien marquer que ces misérables périssaient pour avoir trempé dans l’assassinat du grand homme, l’ordre vint du Comité de salut public de revêtir tous les condamnés du voile rouge des parricides. Qui joua ce mauvais tour à Robespierre[2] ? L’exaspération de sa vanité lui aurait-elle inspiré la maladresse de requérir ou simplement d’approuver une mesure assimilant ses victimes aux régicides d’autrefois, et que certains ont considérée comme une machination de ses ennemis ? Il lui était cependant bien facile de la déjouer : puisqu’il s’arrogeait le droit de grâce pour Catherine Théot et ses affiliés, que ne

    de Robespierre, que Collot d’Herbois en fut humilié ; il protesta contre l’affront qui lui était infligé : – « Ceux qui ont été jugés avec Lamiral (sic), dit-il, furent envoyés au tribunal sur un rapport d’Élie Lacoste… Robespierre affecta d’y faire joindre la malheureuse famille Renault. Il voulait, en le faisant disparaître parmi tant d’accusés, effacer l’intérêt que j’avais pu inspirer à mes concitoyens par le danger réel auquel j’avais échappé, et attirer sur lui tout l’intérêt d’un danger imaginaire. » Défense de J.-M. Collot, représentant du peuple, 6, n.

  1. Déposition du greffier Wolf, au procès de Fouquier-Tinville. Bulletin du Tribunal révolutionnaire, no 23, 3.
  2. Campardon croit reconnaître dans l’original de cet ordre l’écriture de Héron. Tribunal révolutionnaire, I, 366, n.