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V

LA SÉQUELLE DE ROBESPIERRE

Elle n’avait pas bon renom, dans les derniers mois de l’an II, la séquelle de l’Incorruptible, bien qu’on en connût fort imparfaitement le mystérieux embauchage et le véritable effectif. On en savait assez, néanmoins, pour redouter l’éventuelle entrée en scène de cette obscure racaille, recrutée parmi ce que la France révolutionnaire comptait de plus convoiteux ou de plus dégradé. « Les âmes viles qui t’entourent… », écrivait à Robespierre la pauvre Lucile Desmoulins, renseignée par les confidences de son Camille[1]. D’autres, également informés, s’effrayaient de ces « sicaires » que collectionnait le sombre tribun : « Quelle espérance d’avoir un gouvernement avec des satellites hors de toute instruction et de toute morale[2] ? » D’autres encore constataient, non sans joie, que « Robespierre et ses complices se perdaient par la bassesse de leurs agents[3] ». Certains, enfin, supposaient que, « en s’environnant de gens qui avaient de graves reproches

  1. En une lettre d’une émouvante éloquence qui ne fut ni terminée ni envoyée, et dont le texte a été publié par Mathon, Le Vieux Cordelier, p. 165.
  2. Baudot, Notes historiques, 41.
  3. Riouffe, Mémoires d’un détenu, 2e édition, VI.