Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/253

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ci-devant reine Marie-Antoinette ». Deschamps se propose même d’acheter à Maisons-Alfort, la maison de l’émigré Le Chanteur et compte « la pousser jusqu’à 400.000 livres[1] ».

Il faut dire que, outre ses fonctions officielles, Deschamps remplissait auprès de Robespierre un emploi de confiance ; non seulement il ne refusait pas, à l’occasion, d’aller dans les départements arrêter les suspects[2], mais il s’occupait de porter en province « la bonne parole » : c’est ainsi que, en messidor, il est à Boulogne-sur-Mer, muni d’un pouvoir signé de Robespierre et de Couthon, le chargeant d’une mission secrète. Elle consiste à visiter les autorités locales, à chanter les louanges de Maximilien, et à dénigrer Carnot, « un f… gueux qui reste la nuit au Comité pour être à portée d’ouvrir tous les paquets » et qui a failli compromettre la victoire de nos armées ; Legendre, Tallien, sont aussi « des gueux » ; Bourdon de l’Oise ne vaut pas mieux[3]… Le plus piquant est que Robespierre paie sur les fonds du Comité de salut public cette propagande contre son collègue du dit Comité[4].

  1. Dénonciation que fait l’assemblée populaire et républicaine de Maisons-Alfort au Comité de sûreté générale, 2e rapport de Courtois ; pièce justificative I. La maison Lechanteur est aujourd’hui la mairie de Maisons-Alfort.
  2. Aulard, Société des Jacobins, VI, 303, « Arrestations opérées par Deschamps à Orléans », et F7 4436, plaquette 8, f° 327, « arrestations à Rouen ».
  3. Archives nationales, WIA 79. Pièce relative aux nommés Deschamps et Filon.
  4. Archives nationales, F7 4436, plaquette 8, f° 340. – « 2 messidor : la trésorerie fera payer au citoyen Deschamps, aide de camp de la force armée de Paris, la somme de 1.200 livres qui sera prise sur le fond de 50 millions mis par décret à la disposition du Comité de salut public. Les membres du Comité de salut public, Billaud-Varenne, Robespierre, Couthon. »