Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/267

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à Le Bas, vient d’être mère ; Sophie, femme du citoyen Auzat, a suivi en Belgique son mari, pourvu d’un gros emploi dans les fournitures de l’armée : il semble bien que madame Auzat fût d’un caractère assez léger ; son « inconstance de cœur » paraît avoir causé quelque tintouin à son entourage. Nous ne connaîtrons jamais les communications « tout à fait confidentielles » faites, bien longtemps plus tard, sur ce sujet délicat, par Élisabeth Le Bas à Lamartine et qui conduisirent le poétique historien à confondre Sophie avec Éléonore.

Celle-ci, tout au contraire, était de réputation inattaquable ; on lui attribuait toutes les vertus de la mère des Gracques ; aussi Dubois-Crancé l’avait-il affublée d’un sobriquet dont s’amusait fort Danton ; rafraîchissant une vieille plaisanterie de Voltaire qui avait baptisé la descendante de Corneille, par lui recueillie, Cornélie-Chiffon[1], les ennemis de l’Incorruptible surnommaient Éléonore, par allusion à l’atelier de menuiserie où elle était née, Cornélie Copeau. Elle passait pour être « la promise » de Robespierre. Il est probable que les parents Duplay envisageaient, non sans orgueil, la possibilité d’avoir pour gendre leur illustre locataire ; elle-même, sans doute, souhaitait de s’unir à cet homme dont elle était « fanatique[2] » ; mais, sauf un mot d’Élisabeth Le Bas[3], rien n’indique que Robespierre eût ce projet : « il n’aimait pas les femmes », a dit un de ses collègues ; « ses vues abstraites, ses discours

  1. Lettre du 21 novembre 1762.
  2. Baudot, Notes historiques, 242.
  3. « Ma sœur aînée était promise à Robespierre. » Stéphane Pol, ouvrage cité, 150.