Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/281

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pantalon, les bottes, la houppelande flottante que portaient ses collègues. Toujours guindé dans un costume à la mode de l’époque de Louis XVI, culotte courte, bas de fil ou de soie, il avait l’air, suivant les uns, « d’un maître à danser de l’Ancien Régime » ; selon d’autres, « d’un loup-cervier en toilette de bal ». Cela le distinguait, le mettait à part, l’isolait encore ; et peut-être jouissait-il d’un inconscient sentiment de revanche en s’habillant comme les élégants, enviés naguère, du temps où il portait, lui, des vestes râpées et des habits percés au coude.

De toutes les surprises réservées par l’enquête à Choisy, la plus inattendue, la plus troublante, est de trouver chez les Vaugeois dom Gerle et Catherine Théot. Tous deux fréquentaient chez la sœur de Vaugeois, la femme Duchange, « ci-devant nourrice du duc d’Aquitaine », maintenant sexagénaire, paralysée depuis quinze ans. De son aveu même, de l’aveu de ses deux nièces, Agathe et Mélanie Vaugeois, l’ancien chartreux et la Mère de Dieu « faisaient des séjours » chez la citoyenne Duchange. Vaugeois nia les avoir reçus ; mais sa sœur, avec la candeur des adeptes de la Nouvelle Ève, assura que « c’était chez lui qu’elle avait connu dom Gerle ». Elle protesta que la mère Catherine n’avait pas, chez Vaugeois, « consulté les cartes », ni tiré l’horoscope de toute la famille ; ces rites, en effet, n’étaient point de ceux qui se pratiquaient rue Contrescarpe ; mais il est bien probable que la Mère de Dieu procéda, durant son séjour, à quelque initiation. Des personnes dignes de foi[1] attestèrent

  1. La famille Guemin, dont le chef, directeur des messageries de Choisy, avait été maire du bourg avant Vaugeois.