Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/292

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de l’approbation unanime. La Convention cède et obéit, manifestement sans enthousiasme. Mais Vadier ne tient plus en place depuis qu’il a entendu Robespierre traiter de puéril et d’indécent son rapport sur la Mère de Dieu : il surgit à la tribune, long, mince, grave et comique, et, d’un ton pénétré, fait part à ses collègues de son étonnement douloureux. Comment ! ce fameux rapport concernant Catherine Théos « ne se rattacherait qu’à une farce ridicule… » ? Cette grande conspiratrice ne serait « qu’une femme à mépriser » ! – « Je n’ai pas dit cela !… » interrompit Robespierre qui, pour la première fois depuis bien longtemps, semble, devant la contradiction, battre en retraite, et il est remarquable que cette reculade, qui doit coûter à son orgueil, se produise à propos de la prophétesse… Vadier, dédaigneux, poursuit : il défend son rapport composé « sur ce ton d’ironie propre à dérouter le fanatisme » ; mais il promet mieux encore : « J’ai recueilli depuis, dit-il, des documents immenses ; je ferai rentrer cette conspiration dans un cadre plus imposant… Vous verrez… vous verrez y figurer tous les conspirateurs anciens et modernes[1]. »

Voilà Cambon qui, encouragé par l’exemple de Vadier, prend à son tour la parole : « Il est temps de dire la vérité tout entière : un seul homme paralyse la Convention, et cet homme c’est Robespierre !… » Les applaudissements éclatent. Maximilien ergote, réclamant la liberté de dire son opinion. Un même cri part de tous les points de la

  1. Moniteur, réimpression, XXI, 329.