Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/304

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Le tribun traqué, hors de lui, le poing tendu, profère des invectives qu’on n’entend pas ; le président se couvre, et, tout aussitôt la tempête s’apaise. Le décret ordonnant l’arrestation de Robespierre, mis aux voix, est adopté à l’unanimité dans un grand cri de Vive la République ! Vive la liberté ! anathème contre le paria dont pas un ne prend la défense. Si ! Son frère d’abord : Bonbon s’élance vers Maximilien, lui saisit la main, et demande de mourir avec lui. « Aux voix l’arrestation de Robespierre jeune ! » crie un implacable[1]. Le décret aussitôt applaudi est adopté. Dans un groupe, un grand mouvement, une lutte : c’est Le Bas que ses collègues retiennent par les basques de son habit et qui se débat : « Et moi aussi ! moi aussi ! Je ne veux pas partager l’opprobre de ce décret ! » Il se dégage, vient se ranger auprès de ses deux amis : l’arrestation de Le Bas est votée sans discussion : la Convention se revanche avec la frénésie d’un peureux rassuré. C’est Fréron, à présent, qui pérore : « il se félicite de voir enfin la Patrie et la liberté sortir de leurs ruines. » – « Oui, les brigands triomphent », ricane amèrement Robespierre qui semble avoir recouvré sa roideur insolente. Son frère, tout frémissant encore, menace l’orateur : « Avant la fin du jour, j’aurai percé le cœur d’un scélérat ! » Fréron le dédaigne : il prononce les noms de Couthon et de Saint-Just. Nouveau décret d’accusation, nouvelles clameurs de joie.

  1. Lozeau : – « Personne ne pensait à mettre Robespierre jeune en cause ; il voulut partager le sort de son frère. Il ne se trouva personne pour s’opposer à cet attentat. Croirait-on que la mise en arrestation de Robespierre jeune et de Le Bas excita une joie féroce… ? » Baudot, Notes historiques, 81.