Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/33

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Le 15 mai 1781, il passait avec succès sa licence et, le 2 août suivant, était reçu avocat au Parlement de Paris. Mais comment vivre en attendant les causes lucratives ? Hors du collège qui, depuis douze ans, était son univers, le malheureux se trouvait sans abri et sans pain. Les régents de Louis-le-Grand vinrent une dernière fois à son aide ; son frère, Bonbon, qui touchait à ses dix-huit ans, hérita de la bourse et vint prendre au collège la place de son aîné ; et comme les règlements autorisaient les administrateurs à distribuer chaque année l’excédent des revenus de l’institution en secours aux boursiers, Maximilien reçut, comme exeat, 600 livres accompagnées d’un certificat des plus élogieux. Ce maigre viatique lui interdisait le séjour de Paris ; il partit pour Arras dans l’intention de s’y fixer.

Les événements survenus dans sa famille nécessitaient d’ailleurs sa présence. Ses tantes, toutes deux presque quadragénaires, s’étaient mariées ; Eulalie avait épousé un ancien notaire, nommé Deshorties, veuf et père de plusieurs enfants ; Henriette s’était unie à un vieux médecin, François Du Rut, dans l’espoir que ce mariage profiterait à ses neveux et nièces dont l’avenir l’épouvantait. Du Rut avait dû s’engager à recevoir dans sa maison Maximilien, lorsque celui-ci aurait terminé ses études[1]. La grand’mère et le grand-père Carrault étaient morts et leur fils héritait de la brasserie ; quant aux sœurs de Maximilien, Charlotte et Françoise, revenues de Tournay, elles avaient été recueillies par

  1. La Vie de Maximilien Robespierre. Arras, 1850, p. 3.