Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/342

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

porté sous le couteau ; puis les autres ; ce fut long ; une demi-heure au moins, plus peut-être, d’horrifiante attente. Tandis qu’on guillotinait ses compagnons, on coucha Maximilien à même le sol, son bel habit bleu noué sur ses épaules nues ; il monta l’avant-dernier ; quand, pour dégager sa nuque, les bourreaux arrachèrent le bandage qui emmaillotait toute sa tête, on entendit un rugissement de douleur si strident qu’il porta l’épouvante jusqu’aux extrémités de la place, et Robespierre apparut une dernière fois, tout en sang, la bouche béante, la mâchoire pendante. Lescot-Fleuriot mourut le dernier[1].

Quelques instants plus tard, à la Convention, toujours en permanence, Tallien annonçait : « La tête des conspirateurs vient de tomber… » Un tonnerre d’applaudissements l’empêcha de poursuivre. Quand il put reprendre la parole, ce fut avec le ton du deus ex machina des tragédies de collège : « Allons, dit-il, nous joindre à nos concitoyens ; allons partager l’allégresse commune. Le jour de la mort d’un tyran est une fête à la fraternité. » Et, sur sa proposition, la séance fut levée « au bruit des applaudissements et des cris de joie[2] ».

La répression ne s’arrêta pas à la mort des chefs ; le lendemain, soixante-dix membres de la Commune, pris à l’Hôtel de ville, au matin du 10, furent

  1. Voir sur l’exécution de Robespierre et de ses complices, Aulard, Réaction thermidorienne, I, 1 et suivantes.
  2. Moniteur, réimpression, XXI, 354.