Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/350

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est compromise et l’on n’aperçoit pas qu’il ait gagné des batailles. Réformé par le Directoire, il se fixe avec sa femme et son enfant à Paris où il vit tranquille, durant plusieurs années, d’une pension de 1.200 francs. La police impériale a l’œil sur lui : il fréquente des gens « mal pensants » ; en 1807 il est même emprisonné à la suite d’un déjeuner entre anciens militaires de l’an II accusés de propos séditieux. On perquisitionne chez lui : on y découvre « des emblèmes révolutionnaires et le portrait de Robespierre » ; on l’envoie en surveillance à Auxerre où, durant trois ans, il paraît s’assagir ; sa pension de réforme est réduite à 600 francs : le voilà exaspéré ; il fomente une émeute, qui avorte et l’ex-général, robespierriste impénitent, est envoyé au château d’If comme prisonnier d’État. En décembre 1811, devançant Mallet qui, un an plus tard, se contentera de le copier, il annonce, par voie d’affiche manuscrite, à la petite garnison de la forteresse que l’Empereur « est déchu au nom de la Nation », et qu’il est nommé, lui, Calandini, dictateur et gouverneur provisoire de France, chargé « par la consulte extraordinaire et secrète des électeurs du peuple français, de remettre en vigueur les Constitutions de 1789, 90 et 91[1] » ! Longtemps détenu au secret, il devient fou. Sous la Restauration il accablait encore les ministres de ténébreuses divagations libertaires : les conversations entendues naguère autour de la table des

    officiers supérieurs. « L’accusateur public se déclare incapable de les juger : ils ont les certificats les plus flatteurs qui constatent la pureté de leur vie militaire et révolutionnaire. »

  1. Archives nationales, F7 6504.