Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/361

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à l’échafaud. L’ignorait-elle ? Lui avait-on lu le fameux rapport répandu avec profusion dans Paris et qui lui conférait la célébrité ? Savait-elle seulement que son humble nom de servante avait enrayé l’ascension du puissant tribun et que, depuis lors, il reculait ? Quand vint thermidor l’événement formidable ne sembla pas émouvoir sa contemplative placidité ; si on lui eût appris qu’elle y était pour quelque chose, elle n’aurait même pas compris. D’ailleurs, absorbée par les voix qu’elle entendait, rien d’autre ne paraissait l’intéresser et l’attitude de ses compagnes témoignait d’une égale insouciance.

Dans les semaines qui suivirent, chacun, au Plessis, espérait et réclamait la délivrance. Haly laissant, pour ainsi dire, sa porte ouverte, tous les jours un grand nombre de détenus quittaient la prison. Catherine Théot ne s’en préoccupait point : nul n’intercéda pour elle et, comme elle était pauvre, nul non plus n’eut profit à s’entremettre en sa faveur. Cette vieille qui n’avait plus que le souffle, ne comptait d’autres amis que ses dévôts. Un matin, – c’était le 14 fructidor, 31 août 1794, – la vieille visionnaire, étendue sur son grabat, paraissait être à bout de forces ; ses fidèles l’entouraient, attendant, anxieuses, le grand événement qui allait signaler l’entrée de leur mère dans l’immortalité ; un peu avant sept heures et demie, elle s’éteignait doucement. À ce moment précis, une effroyable secousse ébranle toute la maison du Plessis, tout le quartier, toute la ville, en même temps qu’une épouvantable détonation déchire l’air, se répercutant en échos si assourdissants que