Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/42

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au reste personne n’hésita sur la provenance de cette diatribe. Me Liborel, le plus qualifié pour y répondre, – c’est lui qui, naguère, avait présenté Robespierre au Conseil d’Artois, – s’en acquitta de bonne encre[1]. « Nous ne recevons point parmi nous les calomniateurs et des méchants qui ne distillent que du fiel… Malheur, trois fois malheur à vous qui ne sentez pas la noblesse de la profession dont vous vous dites revêtu ! L’intérêt sordide, l’avidité basse, règnent au fond de votre cœur et la jalousie rampante vous porte à tenter d’asseoir à votre niveau des hommes éclairés, des jurisconsultes désintéressés qui ne doivent la confiance publique qu’à leurs talents et à leurs lumières… Vous n’avez pas à vous plaindre : si ce que vous dites est vrai, vous avez plus qu’il ne faut pour réussir, s’il ne faut pour cela que de la bassesse… » Et comme Robespierre, s’indignant des frais excessifs imposés aux pauvres plaideurs, avait cité ce vers de Racine


… deux bottes de foin, cinq à six mille livres !


Liborel répliquait vertement : « Que cela ne vous effraye point : il y en a pour vous à meilleur marché ; la grande consommation que vous annoncez devoir en faire, vous procurera une diminution… »

Un tel camouflet rendait impossible la situation de Robespierre au barreau et le condamnait soit à quitter Arras, soit, s’il s’obstinait, « à y végéter

  1. L…, avocat au Parlement et au Conseil d’Artois, à l’auteur d’un libelle anonyme répandu clandestinement contre MM. les avocats et procureurs au Conseil d’Artois. Paris, p. 102 et s., a analysé ces deux brochures, devenues entièrement[sic] rares ; c’est à son texte que l’on emprunte ces extraits.