les plus extravagantes, comme ce jour du 11 février 1788 où on le force d’entrer dans une chambre de son propre appartement, rue Saint-Florentin, pour y trouver sa femme dans les bras d’un lieutenant en premier du régiment de Beauce, « émissaire secret de la Cour[1] ». La scène indécente à laquelle on le contraint d’assister lui prouve surabondamment que son épouse, la tendre Modeste Desbois, pactise avec ses ennemis. Héron se contient, s’éloigne, va « porter son indignation dans le sein de quelques amis » et, quand il rentre chez lui, « les deux monstres » se sont enfuis, son coffre-fort est forcé et 800.000 livres qu’il contenait ont disparu ! Alors, c’est la famille Desbois qui débarque de Saint-Malo pour l’obliger à reprendre sa misérable épouse ; c’est tous les jours, dans son escalier, embuscades, cris, disputes, combats au sabre d’abordage ; son propriétaire, le pharmacien Follope, essayant de mettre le holà, reçoit des coups de poing dans la figure ; les voisins se cadenassent épouvantés ; la maison devient inhabitable.
La Révolution est proche ; Héron s’y jette à corps perdu, ivre de vengeance : partout où il y a du bruit à faire, des coups à donner, on le rencontre ; il offre asile à Marat décrété d’accusation par le Châtelet, et, tandis que les gens du Roi cherchent le journaliste dans la rue de l’Ancienne-Comédie, il est là, bien caché, au troisième étage de Héron son compère, dont les fenêtres donnent sur la rue
- ↑ Jacques-François Thiboult de Paissac, cadet gentilhomme dans le 68e régiment d’infanterie, sous-lieutenant le 22 juin 1778, lieutenant en second le 1er juin 1783, lieutenant en premier le 1er septembre 1786, capitaine le 12 juin 1792.