Page:Lenotre - Robespierre et la « Mère de Dieu », 1926.djvu/94

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Sénar est suspect à ses compatriotes, traité de renégat par les uns, de faux frère par les autres, d’hypocrite par tous ; redouté, honni, méprisé, dénoncé. Une protection mystérieuse le garde de tous les dangers. Destitué, mis en prison, il en est tiré par un personnage louche, un certain Mogué, qui passe pour un agent secret de Robespierre. Il vient à Paris, proteste contre ses accusateurs, et reparaît à Tours au bout de quelques jours, encadré de quatre fiers-à-bras de la bande de Héron[1] et muni d’un arrêté du Comité de sûreté générale, qui le rétablit dans ses fonctions de procureur de la Commune. Il prend pension rue d’Orléans, chez le bourreau Louis-Charles-Martin Sanson, fils du grand Sanson de Paris. Et sa carrière est magnifique : à son titre de président de la première Commission militaire de l’armée de l’Ouest, il ajoute ceux d’agent national, de correspondant de la Commission centrale des représentants du peuple et de président du premier Comité révolutionnaire du département d’Indre-et-Loire. Comment trouve-t-il le loisir de servir encore le Comité de sûreté générale qui s’est attaché cet homme occupé ? On ne comprend pas que Sénar, fixé à Paris, où il habite, rue de la Loi, l’hôtel des Lillois, avec un certain Dulac, agent particulier et « ami » de Couthon[2], puisse encore régner en maître sur la Touraine et conserver des places qui exigent le séjour dans sa province. On constate à la fois, au printemps de l’an II, sa présence à Tours et à Paris ; il faut croire cependant que, au début de floréal, son assiduité au

  1. Chapuy, Rigogne, Cayeux et Lesueur.
  2. Archives nationales, F7 477517.