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derrière les vieux murs en ruines

qu’il peut se procurer si facilement toutes ces jeunes négresses à la peau lisse, aux reins mouvants et à la forte odeur capiteuse ?…

Lella Fatima Zohra reprit donc sa liberté, si l’on peut appeler liberté l’obligation de vivre entre les murs, dans la stricte observance des coutumes musulmanes.

Malgré le détachement du maître, elle jouit d’un réel prestige dans la maison, car elle est de noble race, riche et considérée, outre l’entendement qu’Allah lui dispensa. Les esclaves semblent la vénérer ; les concubines, dont le nombre augmente chaque jour, lui témoignent une humble déférence et sollicitent même ses conseils dans les circonstances graves. Un essaim de négrillons et de négrillonnes, aux teints plus ou moins foncés, bourdonnent sans cesse autour d’elle, et roulent sur les tapis, bousculent les coussins avec l’exubérance animale de leur âge. Progéniture du Chérif — qui témoigne un goût particulier pour les négresses, — et qu’elle traite presque maternellement.

— Tu n’as pas d’enfant ? lui ai-je demandé ?

— J’en ai perdu huit, mais, — louange à Dieu ! — il me reste un fils, Mouley Abdallah, marié depuis le mois de Chabane. Sa demeure est toute proche. Il faudra que tu ailles voir ma belle-fille, Lella Meryem, une gazelle aux yeux langoureux…

— Elle sera mon amie, puisqu’elle paraît si chère à ton cœur.

— S’il plaît à Dieu !… Mouley Abdallah en a