Il faut avoir pitié des épouses trop laides.
— Ô visage de porc-épic ! Ô celle qu’une mère ne doit pas regarder au moment où elle enfante ! crie la mégère.
— Qu’Allah vide ta maison ! puante ! répond une voie aiguë.
— Qu’il vide la tienne ! C’est toi qui es puante.
— Les gens verront… Voici ma planche à pain auprès de la tienne. Les gens jugeront.
— Pourquoi prendre ce soin ?… La rue donne les nouvelles. Tous les jours on te voit prendre haïk pour racoler des passants.
— Ô gens ! Venez témoigner !… Tu veux me rendre pécheresse devant mon mari !
— N’as-tu pas honte, toi qu’un homme a prise au milieu d’un fondouk ?
— Moi ! fille de bonne maison et bien apparentée !
— S’il plaît à Dieu ! mon fils te répudiera pour choisir une autre épouse.
— Mon tambour et ma trompette ! (Je ne t’écoute pas) !
Certes l’expression est peu séante vis-à-vis d’une belle-mère.
Un cri de chatte furieuse y répond… Je devine la bataille, aux injures, aux halètements décoléré, aux piaillements aigus qui s’entremêlent…
Soudain, un coup sourd, angoissant, terrible, — l’homme est rentré, — puis de tragiques hurlements.