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derrière les vieux murs en ruines


13 décembre.

Coucher de soleil vert et rose, au dehors des murs. Étrange atmosphère irréelle, voluptueuse et changeante, par la magie de ces deux couleurs qui se cherchent, s’opposent, s’exaspèrent puis doucement s’atténuent et se fondent en un crépuscule dont les cendres apaisent la dernière flambée du jour.

Le bled, où les jeunes orges étendent leurs prairies d’un vert acide, va rejoindre par de larges ondulations, vert-bleu, vert-mauve, vert-gris, les montagnes lointaines et proches à la fois, nettement découpées sur la transparence du ciel abricot.

Une route sinue, rose et dorée, à travers les champs d’où reviennent les troupeaux roux. Des milliers d’oiseaux les accompagnent, avec un grand tourbillonnement dans l’air calme, une palpitation d’ailes et de cris ; de ces ibis blancs, appelés « serviteurs des bœufs », qui vivent avec les bestiaux et les quittent seulement aux portes de la ville. Quelques minutes encore, ils tracent dans le ciel des méandres agités, tandis que la terre, à mes pieds, se bariole de leurs fugitives ombres vertes. Puis ils s’abattent sur un bosquet,