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derrière les vieux murs en ruines

— Ah ! dit-elle avec lassitude. Aujourd’hui l’heure presse et je ne suis point disposée… Je prierai pour vous, cela suffît.

— Puisse Allah te le rendre, ô ma mère ! Certes la prière est excellente ! Mais nous voulons aussi que tu évoques le roi des djinns, afin d’apprendre ce qui nous importe… insiste Kaddour en faisant tomber sur le sol un réal d’argent.

La vieille s’approche de moi, pose ses mains sur ma tête. Son haleine forte m’incommode à travers le haïk :

— Au nom du Dieu Clément et Miséricordieux, implore-t-elle,
Qui n’a point enfanté et n’a point été enfanté,
Qui n’a point d’égal en qui que ce soit,
Qui connaît les secrets enfermés dans les mystères de son nom ?
Sur toi un rayon de sa lumière.
J’aperçois ton cœur refroidi et ton corps qui n’a plus d’attraits pour l’époux.
Celui qui s’éloigne de toi, fut enchaîné par le recours et le charme de Chenharouch le sultan[1].

Comme elle prononçait ce nom, la porte fut ébranlée d’un coup violent.

— Qui est là ? cria la vieille.

— Quelqu’un est venu, répondit une voix aiguë.

— Quelqu’un est venu,

Quelqu’un reviendra,

  1. Nom d’un génie.