— Doucement ! Par combien de fois l’as-tu répudiée ?
— Deux fois, pas davantage. Les notaires m’ont demandé d’attendre un peu avant la troisième répudiation, mais je veux le faire tout de suite, et ce sera fini.
— Voyons, Kaddour ! à cause d’une sacoche, tu oublies tout son bien.
— Tout son bien ! Elle ne m’apporta que le malheur et la honte.
— Tu ne sais te passer d’elle, et tu connais votre loi musulmane : quand tu l’auras répudiée trois fois, tu ne pourras plus la reprendre que si elle a épousé, entre temps, un autre homme… Voudrais-tu la savoir dans la maison d’un autre ? Et que diraient les gens ?
À cette idée Kaddour est devenu très jaune de teint. Il fronce les sourcils, halette un peu.
— Pour ton visage ! finit-il par répondre, je vais chercher Zeïneb. C’est une fille de gens honorables. Elle s’est évidemment réfugiée chez sa mère… Il lui fallait du henné, car elle doit aller à des noces demain, et j’avais oublié de lui laisser de l’argent… Avant de prononcer la troisième répudiation, j’écouterai ce qu’elle dira de ma sacoche…