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derrière les vieux murs en ruines

minces, le pied tendu, un moment arrêtées en l’air, comme s’ils faisaient exprès d’être beaux en leurs singulières attitudes rythmiques. Des vêtements sèchent autour d’eux, sur les plantes, étalant des nuances imprécises, exténuées par l’âge.

À quelques pas de moi, un adolescent, très absorbé, s’épouille.

— En as-tu trouvé beaucoup ?

— Une vingtaine seulement. Je n’enlève que les plus gros, ceux qui mordent trop fort… les poux ont été créés par Allah en même temps que l’homme… Qui n’en a pas ? Ils complètent le fils d’Adam.

— Sans doute, tu parles juste et d’expérience.

Le jeune garçon ne s’attarde pas à ce travail. Il est venu au cimetière pour jouir, pour fêter le soleil. Une cage, suspendue au-dessus de lui dans les branches, lance des roulades frénétiques. On ne voit pas l’oiseau, les barreaux de jonc ne semblent contenir qu’une harmonie, une exaltation qui s’évade.

Couché sur sa djellaba, une pipe de kif entre les lèvres, un verre de thé à portée de sa main, le regard bienheureux et vague, cet adolescent participe à l’universelle félicité d’un matin au printemps. Parfois, il s’arrache à sa béatitude pour vérifier quelques cordes tendues entre deux arbres, comme d’immenses fils de la Vierge.

— Ce sont, m’explique-t-il, des cordes pour