Page:Lens - Derrière les vieux murs en ruines, roman marocain, 1922.djvu/57

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
52
derrière les vieux murs en ruines

Lella Lbatoul, en est la reine, l’organe essentiel, sans qui rien ne subsisterait.

De ces Musulmanes si diverses, nulle n’atteint la sagesse de Lella Fatima Zohra, ni l’attrait de cette exquise petite écervelée, mon amie Lella Meryem.

Elle est un enchantement pour les yeux, un parfum à l’odorat, une harmonie ensorceleuse. Elle est inutile, frivole et superflue, car elle n’est que beauté.

Avant de me connaître, Lella Meryem se mourait d’ennui sans le savoir. Les journées sont longues à passer, et si semblables, si monotones malgré la gaieté qu’elle dépense !

Elle se lève tard, s’étire, bavarde avec ses négresses, savoure longuement la harira[1].

Puis elle se pare, grave cérémonie compliquée. Une petite esclave apporte les coffrets, les parfums, les vêtements, les sebenias et les turbans pliés en des linges aux broderies multicolores.

Lella Meryem se plaît à varier chaque jour la nuance de ses caftans de drap et de ses tfinat transparentes. Sur un caftan « radis », elle fait chatoyer les plis d’une mousseline vert printemps. Elle éteint l’ardeur d’un « soleil couchant » par un nuage de gaze blanche. Elle marie tendrement

  1. Sorte de soupe très épicée.