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derrière les vieux murs en ruines

Non, sans doute… Les Mauresques, les paons, les esclaves, les fontaines et les fleurs ne raisonnent point.

Ni le riche marchand aux conceptions d’artiste, ni ses frères musulmans qui, sans cesse, créent de la beauté, qui sont eux-mêmes de la beauté.

Mais d’instinct, et d’autant plus intensément, ils en vivent.


20 mars.

C’était au grand soir des noces, dans une des plus riches familles de Meknès.

La mariée, accroupie sur une haute estrade dressée au milieu du patio, présidait, comme une sultane, la cour de ses femmes en vêtements somptueux. Quatre d’entre elles portaient l’izar, luxe suprême, draperie de gaze formant une sorte de péplum impondérable et chatoyant, qui amortit l’éclat du caftan de brocart.

Aussi les avait-on installées sur des sièges élevés, garnis de coussins. Elles s’y tenaient très raides, recueillies et scintillantes, toutes pénétrées de leur importance ; car la parure devient en cette occasion une chose grave, d’un caractère rituel, presque religieux. Et les autres invitées, simplement accroupies sur les sofas, ne s’étonnaient pas