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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/128

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prochant vivement de Paul, toute rougissante et radieuse :

« Ah ! c’est vous ! » s’écria-t-elle en lui tendant la main, suivant l’habitude commune en Suisse à toutes les classes.

Le visage de Paul témoigna d’une assez vive émotion, et, chose étrange, Ali se mit à rougir également.

Cette fille était fort jolie ; une joie vive augmentait l’éclat de son visage, et ses regards avaient une assurance qui laissait à choisir entre la naïveté et l’effronterie. Tandis qu’un entretien court, mais animé, avait lieu entre elle et Paul, Ali continua sa marche. Paul le rejoignit bientôt, un peu confus :

« C’est Louise, dit-il.

— Ah ! répondit laconiquement Ali.

— Comment la trouvez-vous ?

— Fort jolie.

— Oui, plus même que l’année dernière ; mais bien moins naïve. C’est une fleur plus épanouie, qui a déjà perdu quelque chose de son parfum. Elle est aussi plus parée ; et peut-être… C’est une rude épreuve pour la moralité d’un peuple que l’invasion de l’étranger, surtout quand celui-ci se présente, non le fer, mais l’or à la main. »

Ali ne répondit pas, et ils arrivèrent bientôt à la pension, où, sur le seuil, ils virent Léon qui, en dépit de sa promesse, les attendait.

« Il faut que vous soyez un rare modèle de piété filiale, dit-il à Ali, car votre père semble tout surpris et tout inquiet de votre excursion. Quant à Donato, il surveille le dîner, fort enchanté d’une petite blonde qu’il a rencontrée dans l’auberge et