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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/130

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on aimerait tant à revoir ces pauvres vaches ! C’est avec attendrissement qu’on s’informe d’elles à quelque armailli, momentanément descendu ; on veut les embrasser, s’en faire reconnaître, puis savoir un peu comment s’arrondissent les boules de beurre, ou combien l’on compte de fromages là-haut, où se prépare le revenu de l’hiver. La vache, pour l’habitant de la montagne comme pour l’Indou, a quelque chose de sacré, de familial. C’est la nourricière, la compagne des longs jours de l’hiver, la fortune de la maison.

Le rendez-vous de la mi-été est donc attendu avec impatience, et l’on s’y porte en foule, avec toutes les provisions que chaque ménagère peut rassembler. La musique n’y manque point, et la jeunesse rieuse se livre à la danse, tandis que les mères de famille vont revoir les vaches, constater leur santé, compter les provisions amassées, et présider la table du chalet, où, ce jour-là, règne l’hospitalité la plus franche, tandis que les hommes font avec les armaillis des comptes arrosés de grandes libations.

Tout le monde boit d’ailleurs, et le liquide blanc ou doré, vin ou crème, coule à pleins bords, non sans jeter quelque confusion dans le cortège au retour. Il est vrai que la plupart des assistants passent la nuit dans les chalets ; en Suisse comme ailleurs, il n’est pas de bonne fête sans lendemain. On s’entasse donc pêle-mêle dans les appentis, dans les étables, sans autre lit que l’herbe séchée, préparée par les armaillis. Et même les gens chagrins disent là-dessus bien des choses ; car il se trouve des mauvaises langues à six mille pieds au-dessus du niveau des mers.

Nos touristes ne manquèrent pas à la fête, où se