Page:Leo - Aline-Ali.djvu/132

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Cet aimable vieillard n’avait qu’une faiblesse, poussée presque jusqu’au ridicule : c’était une surveillance trop inquiète vis-à-vis de son fils. Non qu’il la témoignât ouvertement ; il paraissait même à cet égard s’imposer une contrainte secrète ; mais son tourment perçait dans ses regards, dans ses questions détournées, dans sa préoccupation visible en l’absence d’Ali.

Celui-ci s’en était expliqué d’un ton sérieux avec Léon, dont les plaisanteries intarissables dépassaient bien souvent l’exacte convenance, au moins celle du cœur : cette inquiétude excessive était l’effet d’une tendresse devenue maternelle par le veuvage prématuré de M. de Maurion, et poussée à des craintes presque superstitieuses par la mort de plusieurs autres enfants.

« Aussi me croirais-je coupable de ne point la ménager, » avait dit Ali.

Et Paul ajoutant que, du côté du fils comme de celui du père, tout cela était fort touchant et fort respectable, les plaisanteries de Léon sur ce point cessèrent enfin.

Bientôt, d’ailleurs, M. de Maurion, gagné par cette expansion de loyauté, de générosité, de franchise, qui caractérisait tous les actes de Paul Villano, avait en quelque sorte remis Ali à sa garde ; cette confiance, à peine révélée par un regard, par un mot, Paul l’avait acceptée, et la méritait par une protection constante, presque paternelle.

C’est lui qui refusait le premier les escalades périlleuses, les jeux de casse-cou, où Léon voulait entraîner Ali ; ou bien, aux passages difficiles, Paul imposait à l’enfant le secours de son bras, et Léon