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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/142

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sère ? — ou bien la famille, œuvre sacrée de la nature même, sera-t-elle flétrie et détruite ? La logique seule, au défaut de l’honneur et de la justice, prononcerait contre de telles mœurs. Elle s’étonne de cette imbécillité morale qui prétend mépriser chez une autre les faiblesses que l’on glorifie en soi.

— Tu es un apôtre, et je me fais ton disciple ! s’écria Paul, tout rayonnant de cet enthousiasme généreux qui seyait si bien à ses nobles traits et semblait élargir encore son large front. Tu es aussi beau que Jésus et, quoique plus jeune, aussi divin ; et, comme Jean a suivi Jésus, je veux te suivre ! Volontiers je plierais le genou devant toi, en t’appelant maître… Tu ne le veux pas ? Laisse-moi te répéter que je suis fier d’être ton ami, et que je vaux mieux par toi ! »

En même temps il passa le bras autour d’Ali et le serra contre sa poitrine. Ils étaient en ce moment à peu de distance des chalets, et M. de Maurion, qui, du seuil, les observait, ne put retenir un mouvement, et vint à eux d’un air étrange et sévère.

Huit jours se passèrent en excursions nouvelles aux environs, à Bovonnaz, en traversant l’Avençon du Moveran, qui roule, blanc d’écume, au milieu d’énormes rochers ; sur les bords de la Grionne, à Chamossaire, aux Ormonts, aux Plans.

La rustique Bovonnaz est un énorme bastion de pâturages et de bois, couronné d’un plateau de verdure, sur lequel sont bâtis les chalets. On cueille sur ces pentes, avec des framboises d’une saveur exquise, l’ancolie, les gentianes, les cyclamens, l’aconit, les digitales, l’arnica, sorte d’aster jaune et