Aller au contenu

Page:Leo - Aline-Ali.djvu/174

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

lorait un moment ; son regard brillait d’un éclat humide, puis, troublé par le regret, se cachait bientôt sous ses paupières abaissées.

Son air de grande jeunesse, qui, à vingt ans, au premier abord, lui en faisait attribuer seulement dix-huit, et de plus près, dans la conversation, une expression de jugement et de sensibilité d’une maturité étrange, un tact exquis, et cette touchante empreinte de tristesse, tout cela excitait généralement l’intérêt ; mais surtout celui des femmes, qui raffolèrent de ce beau et délicat gentilhomme. Les coquettes cependant y perdaient leur temps. Il n’avait pas même vis-à-vis d’elles ce ton et ces formules de galanterie banale qui malgré tout leur plaisent ; il était respectueux tout de bon, presque fraternel, et d’une façon si vraie et si peu douteuse, que cette haute estime qu’elles avaient d’abord professée pour lui s’atténua d’une manière sensible et devint chez la plupart de l’indifférence, même un peu dédaigneuse. Mais la jolie comtesse de B…, qu’il distinguait des autres, et avec laquelle il causait fréquemment, s’y prit le cœur. De malins amis d’un côté, des jaloux de l’autre, suivirent ces amours, qui se terminèrent, au grand étonnement de la galerie, de cette étrange façon : À force de naïves imprudences, le secret de la jeune comtesse avait fini par être compris d’Ali de Maurion lui-même. Un soir, chez les Mauletti, ils causèrent ensemble deux longues heures dans une embrasure de fenêtre, où l’on respecta leur tête-à-tête ; pourtant, des oreilles curieuses voulurent s’assurer du sujet de l’entretien, et voici, par quelques paroles saisies, ce qu’on devina :