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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/193

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Mais à l’instant le comte s’abattait lui-même sur le pavé, frappé au ventre d’un coup de dague. Quelques personnes, attroupées par le ton élevé du comte, et qui avaient tout vu, relevèrent le blessé. On remarqua l’émotion et la tristesse du jeune Français, qui, loin de s’enfuir, donna les premiers soins à son adversaire, et ne reprit couleur qu’après avoir entendu un médecin, appelé en hâte, assurer que la blessure n’était pas mortelle. La fermeté d’une telle défense, appuyant la fermeté de son refus, acheva la victoire d’Ali. Ses ennemis renoncèrent à l’inquiéter. Ses partisans l’admirèrent davantage.

« Si jeune et si grand ! » disait Rosina, qui ne parlait que de lui.

Elle eût voulu chaque jour l’avoir à dîner, et grondait Paolo quand il venait sans Ali. Ce n’était point la faute pourtant de Paolo ; mais le jeune de Maurion se refusait le plus possible à ce rôle de tiers intime, de confident inséparable, que lui voulaient imposer les deux amants.

Sa réserve datait surtout du séjour à la campagne, où, témoin constant de leurs amours, sa délicatesse en avait souffert peut-être.

Il y avait en ce jeune homme des pudeurs que la Rosina n’était faite ni pour ménager, ni pour comprendre. On eût dit, au contraire, parfois, qu’elle mettait une sorte de volonté, instinctive ou réfléchie, à initier aux ardeurs de la passion l’innocence ou le calme de son hôte.

Bien souvent, quand il s’écartait pour être seul, elle le rappelait, et, s’emparant de son bras, le plaçait entre eux, comme pour le brûler au passage des