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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/239

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Dans le premier cas, l’amour ne meurt point, par la seule raison qu’il n’était pas né ; dès que les deux égoïsmes en compétition ont débrouillé leur quiproquo, aux effervescences de la passion succèdent l’emportement de l’amour-propre trompé, le ressentiment, la haine ; à l’ode succède l’élégie. C’est alors qu’on maudit la nature humaine, sa perfidie, son insuffisance, et qu’on emporte pour consolation sous sa tente, avec sa blessure, la satisfaction secrète de sa supériorité.

Mais, quand l’amour est échange sincère, extension réelle de l’être hors de soi, après le vif enthousiasme de la rencontre viennent les saveurs de l’analyse et les profondes joies d’une possession assurée. Contre l’opinion vulgaire, on a d’autant plus à se dire qu’on s’est tout dit ; la présence à elle seule est un bien-être, et le silence parle. — Dans la recherche, dans l’étude, on est encore seul. Dans la certitude, la vie est double, et, par conséquent, a double puissance, double bonheur.

Pour Ali et Paolo, ce moment de leur amitié réunissait les charmes des deux situations confondues. Sûrs l’un de l’autre déjà, ils avaient encore à se connaître, et sentaient chaque jour, par les mille révélations de l’intimité, se resserrer le lien qui les unissait.

Chacun d’eux assurément ne demandait qu’à admirer son ami ; mais ce bonheur lui était facile.

C’étaient deux âmes fières et tendres, non pas également, mais assez pour se bien comprendre et pour aviver l’une chez l’autre la tendresse et la vertu ; deux esprits nourris d’études sérieuses : études plus littérales chez Paolo ; chez Ali, trop